Deuxième roman de Jean Meckert, L’Homme au marteau (1943) met en scène les journées répétitives et étouffantes d’un employé de bureau. Augustin Marcadet, 30 ans, est un fonctionnaire du Trésor au service contentieux, marié et père de famille, qui rêve d’échapper à la médiocrité et à l’ennui d’un quotidien terne et sans espoir. Une vie de bureau que l’auteur connaît bien ; il sait en croquer les acteurs, il en fait une chronique à la fois drôle, amère, cruelle.
Dès le départ matinal au turbin, le tempo du métropolitain rythme les pensées de Marcadet, et le spectacle du triste troupeau de ses contemporains exerce son sens critique et sa lucidité. Les films de gangsters du dimanche ne suffisent pas à faire s’évader celui qui nourrit d’autres espérances. Exaspéré par les humiliations de son chef et la mesquinerie de ses collègues, il aura le courage de redresser la tête, de se révolter, de vivre une parenthèse d’amour et de liberté… vite refermée. Comme vient de l’être l’immense espoir du Front populaire, cette révolution manquée.
Ecrivain du peuple, Jean Meckert nous donne ici un livre sur le monde du travail d’une profonde authenticité, loin de tout manichéisme, de toute grandiloquence. Un livre à hauteur d’homme, toujours d’actualité.
Hervé Delouche